Nous sommes confrontés à une réalité multilingue et pourtant, seulement 20% des Français sont bilingues. Parmi les personnes polyglottes, certaines décrivent avoir une vision plus complète et détaillée de la vie avec une façon de penser différente. L’apprentissage d’une langue à de nombreux bénéfices. D’un point de vue professionnel, savoir maîtriser l’anglais permet d’évoluer dans sa carrière.
Mais alors, quel est l’effet de l’apprentissage d’une ou plusieurs langues sur votre cerveau ?
Pour répondre à cela, tournons-nous vers la science ayant fourni un close up précis sur ce qu’il se passe à l’intérieur du cerveau, lorsque vous apprenez une langue !
Que se passe-t-il dans notre cerveau lors de l’apprentissage d’une langue ?
Lorsqu’on apprend une langue, deux zones s’activent dans notre cerveau. Deux aires complémentaires : Wernicke et Broca qui permettent à une personne de comprendre une langue et de la parler.
Les aires de Wernicke et de Broca à l’intérieur du cerveau
Deux spécialistes ont analysé ce qu’il se passait à l’intérieur du cerveau lors de l’apprentissage d’une langue, deux zones s’activent durant cette phase :
- L’aire de Wernicke, en l’honneur du neurologue Allemand Carl Wernicke , compartimente et dissocie chaque langue, elle permet au cerveau de comprendre une langue.
- L’aire de Broca (du neurochirurgien français Paul Broca), elle, ne fait pas de distinction entre les langues : c’est l’aire qui permet de parler une langue à l’oral.
Ces deux aires se complètent. Le neurologue allemand fit l’observation suivante : les sujets ayant des liaisons au niveau de la zone de Wernicke parlaient sans pour autant avoir un discours cohérent et vice versa.
Ces deux zones sont présentes dans l’hémisphère gauche, soit l’une des fonctions traitées de manière asymétrique dans le cerveau. Lors de l’apprentissage d’une langue, l’aire de Wernicke prend d’abord en charge l’information avant de la relayer à l’aire de Broca à travers les fibres nerveuses.
L’aire de Broca dans le cerveau d’un enfant
Pour un enfant bilingue, son cerveau est, dès le plus jeune âge, un peu différent des autres, notamment au niveau de l’aire de Broca. En effet, pour les langues apprises simultanément, l’aire de Broca ne fait aucune distinction, ce qui expliquerait pourquoi ces enfants n’ont absolument aucun mal à passer d’une langue à l’autre, dans une même phrase. Comme ces deux zones différentes sont impliquées dans un ordre précis, on peut très bien comprendre une langue sans la parler !
L’avis des scientifiques sur l’apprentissage d’une langue
L’avis des scientifiques est unanime : apprendre plusieurs langues rend plus intelligent. Plus on fait appel à des zones spécifiques du cerveau, plus elles vont grandir et se renforcer. Pour démontrer ce fait, Ping Li, psychologue à l’université de Pennsylvanie, a décidé d’utiliser l’apprentissage des langues pour stimuler une activité intellectuelle élevée. Il a alors analysé l’évolution du cerveau par IRM de 39 anglophones ayant reçu des leçons de vocabulaire chinois pendant 6 semaines. Ces analyses ont mis en évidence une différence neurologique entre les premiers et les derniers de la classe de chinois.
Plus un élève réussissait à retenir une information, plus l’IRM montrait de nouvelles connexions neurologiques. Un réseau cérébral mieux intégré est plus souple, et plus efficace… Apprendre une langue devient donc encore plus facile avec le temps !
“Le cerveau est beaucoup plus malléable que ce que l’on pensait jusqu’à maintenant” .
Ping Li
L’apprentissage d’une seconde langue
Une étude similaire, menée en 2012, indique qu’à l’apprentissage d’une seconde langue, l’épaisseur corticale sur le volume de l’hippocampe augmente considérablement : transformation physique !
La matière grise et la matière blanche (myéline) augmentent alors. En effet, la matière grise est une zone stratégique du cerveau, où la plupart des informations sont traitées. En s’entraînant régulièrement à pratiquer une autre langue, elle devient beaucoup plus dense et nous rend plus intelligent. La matière blanche, elle, est une substance grasse recouvrant les axones. Son rôle est de faire passer les messages entre neurones.
Lorsqu’on apprend une langue, les informations voyagent donc beaucoup plus rapidement, faisant passer les informations à travers le réseau neurologique, encore plus rapidement qu’une personne monolingue.
Apprendre une langue étrangère sans être bilingue permet alors de développer la matière grise du cerveau, de booster la rapidité au sein du réseau neurologique et, dans la globalité, d’amener à une complète restructuration du cerveau.
Traduction de cet impact dans notre vie quotidienne.
En outre, apprendre une nouvelle langue change notre quotidien Dans un monde globalisé, le multilinguisme aide les enfants et futures générations, à faire face à une société constamment en évolution. Les avantages sont nombreux et souvent, apprendre à parler plus d’une langue permet d’améliorer les compétences dans la prise de décision. Le raisonnement est plus rapide et la priorisation des idées plus facile. De même, la capacité « multitâches » est facilitée, tout comme d’autres capacités cognitives , telles que :
- la concentration
- la constance dans la réalisation d’une tâche
- la mémorisation
- la créativité
Cela permettrait aussi un véritable effet anti-âge sur le cerveau, en intensifiant sa capacité de génération, de retarder, ainsi que combattre des maladies mentales sévères, comme Alzheimer.
